Os bnei anussim brasileiros: religião, etnicidade e reivindicações identitárias

Abstract

This thesis deals with a social phenomenon that clearly exposes the often problematic relationship between ethnicity and religiosity as constitutive dimensions of contemporary identity processes. Its focus of analysis is on aspects relating to the identity representations of a group whose claims to belonging circulate around a religious and cultural segment in which religious identity is directly linked to the ethnic factor. These are the bnei anussim: a group of people who, because of their selfidentification as descendants of Jews forcibly converted to Christianity, claim Jewish identity for themselves and share the desire to be part of this identity and religious context. Throughout the 20th and even the 21st centuries, various individuals and groups began to claim bnei anussim or marrano ancestry and identity (both in Brazil and in other parts of America, such as Mexico and the United States). It's worth saying that a considerable proportion of these individuals, considering themselves to be descendants of Jews whose religiosity was coercively altered, want to be recognised as legitimate members of the Jewish community, religion and, consequently, identity. However, according to the legal precepts of Judaism (contained in the Halakah) the main criteria for considering someone a Jew are birth to a Jewish mother or conversion through a specific ritual for this purpose. The problematic aspect of the issue stems, therefore, from the fact that Judaism (at least in its more traditional forms) is a social grouping that self-identifies as both a religion and an ethnicity. In this sense, original and integral belonging to the Jewish group requires a double qualification: you have to practise the Jewish religion and you have to have been born to a Jewish mother. Even though the bnei anussim make an effort to assimilate Jewish religious practices, in most cases they can hardly fulfil the second requirement. The only gateway to Judaism is conversion (giyur, in Hebrew) - which in turn is seen by many of its members as a disrespect to the memory of their ancestors who fought to maintain their Jewish traditions, albeit in secret. Instead of "conversion" (giyur), some bnei anussim want to be admitted through the process of "return" (teshuvah, in Hebrew), which is not normally accepted by the institutional leadership of Judaism. From a sociological point of view, it is obviously not necessary to assess the plausibility of the arguments put forward by the parties involved in this dispute. However, it deserves special attention to glimpse and understand sociologically the strategies adopted by both groups, both in face-to-face interactions and in symbolic, discursive and cultural representations, and the social repercussions of these strategies. In this sense, this qualitative research, based on recent approaches to identity processes, especially those influenced by cultural studies, proposed an analysis of the discursive strategies mobilised by the bnei anussim with a view to circumventing the obstacles faced in their relations with established Judaism. The main objective of the research, which we believe was successfully achieved, was to prove that the way in which the bnei anussim have adopted claiming strategies with the aim of mitigating the identity legitimacy credentials of an identity ideally seen as global (the Jewish identity), through the displacement of these credentials from the religious and biological sphere to the local historical and mnemonic sphere (by reinforcing the significance of the specificities resulting from the secular prohibition of Jewish practices to which their Brazilian and Portuguese ancestors were subjected) configures a set of typically contemporary and glocal strategies. In this way, we propose that the study of the glocal performance of the bnei anussim makes an important contribution to the debates on identity processes 10 and their specific configurations in the current stage of globalised and mediatised society.

Cette thèse traite d'un phénomène social qui met clairement en évidence la relation souvent problématique entre l'ethnicité et la religiosité en tant que dimensions constitutives des processus identitaires contemporains. L'analyse se concentre sur les aspects liés aux représentations identitaires d'un groupe dont les revendications d'appartenance circulent autour d'un segment religieux et culturel dans lequel l'identité religieuse est directement liée au facteur ethnique. Ce sont les bnei anussim: un groupe de personnes qui, parce qu'elles s'identifient comme des descendants de juifs convertis de force au christianisme, revendiquent l'identité juive pour elles-mêmes et partagent le désir de faire partie de cette identité et de ce contexte religieux. Tout au long du XXe siècle et même du XXIe siècle, divers individus et groupes ont commencé à revendiquer l'ascendance et l'identité bnei anussim ou marrane (tant au Brésil que dans d'autres parties de l'Amérique, comme le Mexique et les États-Unis). Il convient de préciser qu'une proportion considérable de ces personnes, qui se considèrent comme des descendants de Juifs dont la religiosité a été altérée par la contrainte, veulent être reconnues comme des membres légitimes de la communauté, de la religion et, par conséquent, de l'identité juives. Cependant, selon les préceptes juridiques du judaïsme (contenus dans la Halakah), les principaux critères pour considérer quelqu'un comme juif sont la naissance d'une mère juive ou la conversion par un rituel spécifique à cet effet. L'aspect problématique de la question découle donc du fait que le judaïsme (du moins dans ses formes les plus traditionnelles) est un groupe social qui s'identifie à la fois comme une religion et comme une ethnie. En ce sens, l'appartenance originelle et intégrale au groupe juif requiert une double qualification: il faut pratiquer la religion juive et être né d'une mère juive. Même si les bnei anussim s'efforcent d'assimiler les pratiques religieuses juives, dans la plupart des cas, ils peuvent difficilement remplir la seconde condition. La seule porte d'entrée dans le judaïsme est la conversion (giyur, en hébreu) - qui, à son tour, est perçue par beaucoup de ses membres comme un manque de respect envers la mémoire de leurs ancêtres qui se sont battus pour maintenir leurs traditions juives, bien qu'en secret. Au lieu de la "conversion" (giyur), certains bnei anussim veulent être admis par le processus de "retour" (teshuvah, en hébreu), qui n'est normalement pas accepté par le leadership institutionnel du judaïsme. D'un point de vue sociologique, il n'est évidemment pas nécessaire d'évaluer la plausibilité des arguments avancés par les parties impliquées dans ce conflit. En revanche, il mérite une attention particulière pour entrevoir et comprendre sociologiquement les stratégies adoptées par les deux groupes, tant dans les interactions de face à face que dans les représentations symboliques, discursives et culturelles, ainsi que les répercussions sociales de ces stratégies. Dans ce sens, cette recherche qualitative, basée sur les approches récentes des processus identitaires, notamment celles influencées par les cultural studies, a proposé une analyse des stratégies discursives mobilisées par les bnei anussim en vue de contourner les obstacles rencontrés dans leurs relations avec le judaïsme établi. L'objectif principal de la recherche, que nous pensons avoir atteint avec succès, était de prouver que la manière dont les bnei anussim ont adopté des stratégies de revendication dans le but d'atténuer les références de légitimité identitaire d'une identité idéalement perçue comme globale (l'identité juive), en déplaçant ces références de la sphère religieuse et biologique à la sphère historique et mnémonique locale (en renforçant l'importance des spécificités résultant de l'interdiction séculaire des pratiques juives à laquelle leurs ancêtres brésiliens et 12 portugais ont été soumis), configure un ensemble de stratégies typiquement contemporaines et glocales. De cette manière, nous proposons que l'étude de la performance glocale des bnei anussim apporte une contribution importante aux débats sur les processus identitaires et leurs configurations spécifiques dans l'étape actuelle de la société mondialisée et médiatisée.